Le Saguenay–Lac-Saint-Jean, le royaume du bleuet… mais pourquoi?

Le Saguenay–Lac-Saint-Jean, le royaume du bleuet… mais pourquoi?

1 août 2022

Le bleuetier a toujours été présent dans les sous-bois de la région, mais il ne sort pas de terre quand il y a trop d’arbres en compétition autour de lui. Quand un cultivateur défriche une terre où il y a eu un incendie, les plants de bleuets en profitent pour sortir et occuper l’endroit quelques années. De plus, après un feu, le sol et les plantes bénéficient d’un apport important de minéraux provenant des cendres des arbres. Ces facteurs permettent alors une forte production de fruits. On peut imaginer qu’après le Grand feu de 1870, le territoire du Saguenay–Lac-Saint-Jean a été tapissé de bleuets pendant deux ou trois ans, un héritage qui l’a rendu célèbre pour ce petit fruit.

Dans le cadre de ses 55 ans, le Musée du Fjord vous propose des chroniques qui vous permettront de redécouvrir des expositions qu’il a produites. Voici deux extraits provenant de l’exposition permanente Jarnigoine, présentée au Musée du Fjord de 2004 à 2012. Ces textes concernent les grands feux dans la région et leur effet sur la production de bleuets.

On a tous nos petites misères

Notre histoire apporte son lot de catastrophes naturelles. Tout d’abord, le feu du 5 mai 1846. Ce « Grand Brûlé » enflamme la plupart des maisons de Saint-Alphonse, de L’Anse-à-Benjamin et une partie de Saint-Alexis, laissant 3 000 personnes sans abri.

Au printemps 1870, le feu frappe encore. En l’espace de quatre heures, il touche 13 localités, dont une personne sur cinq dans la région. Le bilan est lourd : sept victimes, environ 700 habitations détruites, 555 familles sur le pavé, dont 72 à Saint-Alphonse.

La manne bleue

Le Grand Feu de 1870 fait naître un nouveau commerce exportable : les bleuets. Cette manne inespérée offre un potentiel économique. Ce produit, qui génère des ventes rapportant près de 20 000 $ pour Bagotville en 1875, séduit la compagnie E & R Loggie. Celle-ci implante une conserverie au quai de Bagotville en 1882. Cette bouillerie engage une quinzaine d’employés pendant les mois de cueillette.